Les rencontres riches et passionnantes avec les journalistes se poursuivent dans le cadre de notre rendez-vous « Au micro d’Initiale ». Pour cette troisième édition, Jean Berthelot de La Glétais s’est prêté au jeu de l’interview. L’occasion d’évoquer son parcours et ses débuts de jeune journaliste, les relations qu’il entretient avec les attaché·e·s de presse, la création du média Podcastine…
Journaliste pour plus d’une quinzaine de médias, créateur de Podcastine, vous semblez vivre à mille à l’heure. A quoi ressemble une de vos journées types ?
L’avantage de mon métier c’est qu’il n’y a pas de journée type. Aucune de mes journées ne ressemble à la précédente ou à la suivante. Par exemple, samedi dernier, j’ai suivi deux jeunes sapeurs-pompiers qui ont combattu le feu à La Teste cet été dans le cadre d’un reportage pour Le Monde des ados. Après avoir pris part à la vie de la caserne et aux interventions le matin, j’ai réalisé une interview pour L’Usine Nouvelle sur un sujet plus technique et proche du secteur de l’industrie. J’ai ensuite quitté mon bureau pour aller donner un cours de journalisme à La Chance, une association qui lutte pour la diversité dans les médias, dans laquelle j’interviens en tant que coordinateur avec 350 autres journalistes bénévoles. C’est un projet qui me tient très à cœur car nous préparons des jeunes boursiers ou en situation de handicap, aux concours des écoles de journalisme.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre parcours et votre évolution dans le milieu journalistique ?
Après avoir obtenu un DEUG en LEA à La Sorbonne, je candidate et réussis le concours de l’IJBA à Bordeaux. A la fin de mes études, j’intègre le service politique de France Inter pour suivre les élections législatives et présidentielle de 2002 mais j’ai très envie de rejoindre un média associatif doté d’un engagement sociétal. Malgré des recherches difficiles, je commence en 2004 sur Triangle FM, une radio associative locale pour laquelle je m’intéresse à l’actualité des associations et des banlieues de Trappes. Entre 2006 et 2012, j’intègre la rubrique sports de France Soir, une rédaction très formatrice dont je garde de super souvenirs. La fin de cette étape marque un tournant dans ma carrière car je deviens journaliste indépendant. Je démarre alors des piges régulières pour Grazia jusqu’en 2015, date à laquelle je reviens à Bordeaux. Sur place, j’entame des recherches et je commence à réaliser des sujets pour Europe 1 pour commenter notamment les matchs des Girondins de Bordeaux. Au fil des années, je parviens à travailler avec une quinzaine de médias tels que L’Usine Nouvelle ; Radio Classique ; Challenges ; Le Figaro mais aussi des médias locaux et régionaux comme Sud Ouest ; La Revue Far Ouest ; Le Courrier de l’Ouest …
Dans quelle mesure êtes-vous amené à travailler avec des attaché·e·s de presse dans la réalisation de vos sujets ?
Ma maman est attachée de presse dans la musique et j’ai parfois été marqué par le manque de considération de certains journalistes pour ce métier, alors qu’il constitue une source d’information souvent fiable et avérée. A nous de prendre le recul nécessaire pour évaluer la pertinence réelle des propositions de sujets émises par les agences RP. Quand les attaché·e·s de presse connaissent les médias pour lesquelles je pige, savent me contacter de manière ponctuelle et partagent des informations en accord avec mes sujets de prédilection, c’est qu’elles ont compris ma logique !
Vous êtes le créateur de Podcastine, un podcast que les membres de l’Agence Initiale apprécient beaucoup. Pouvez-vous nous raconter le cheminement de ce projet ?
J’adore les innovations dans les médias et je suis régulièrement tout ce qui se crée. En 2018, je découvre le Daily, un podcast d’actualité quotidienne dans lequel un journaliste du New York Times revient sur une actualité qu’il ou elle a été amené·e à traiter pour le journal. Par ailleurs, je connais Jules Lavie, qui monte en 2019 le podcast Code Source pour Le Parisien et qui cartonne très vite. Cette effervescence nous donne envie de nous le réapproprier, de le régionaliser au Sud Ouest et de l’ouvrir à plusieurs médias. En juillet 2020, le projet se concrétise et nous lançons Podcastine. Aqui est le premier média régional à me faire confiance et d’autres nous rejoignent petit à petit tels que La Revue Far Ouest ; Rue89 Bordeaux ; Médiacité Toulouse… Le 28 septembre 2020, c’est le lancement officiel du premier épisode de Podcastine, consacré à la Base sous-marine de Bordeaux ! Aujourd’hui Podcastine, ce sont plus de 30 000 auditeurs les meilleurs mois et plus de 700 épisodes.
Un épisode de Podcastine qui vous tient à cœur ?
Je repense avec beaucoup d’émotion à l’entretien avec Fanny Cheyrou, une journaliste de La Croix qui est malheureusement décédée récemment. L’épisode intitulé « Infirmiers de campagne, un sacerdoce heureux » est consacré à l’enquête forte qu’elle a menée pendant un an dans les Landes. Période durant laquelle elle a suivi deux infirmiers libéraux dans leur quotidien et sur le terrain.
Avez-vous envie d’explorer d’autres terrains que le podcast à l’avenir et de créer un autre média ?
J’aimerais beaucoup créer un média papier. L’idée serait de reprendre l’identité de Podcastine pour continuer de traiter, sous un nouvel angle, des thèmes qui nous sont chers tels que les droits LGBTQIA+ ; les violences conjugales… avec un positionnement humaniste et progressiste !
Le sujet du dernier article que vous avez lu ?
Un article du Parisien qui expliquait en quoi le boutonnage des vêtements était une conséquence du patriarcat, c’était passionnant !
Un coup de cœur média à partager avec nos lecteurs ?
La Disparition, un média fondé par deux jeunes journalistes toulousains. C’est un pari incroyable car c’est une lettre papier envoyée tous les 15 jours aux lecteurs. Le contenu est très original et ils font travailler des journalistes dont j’aime beaucoup la plume.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Le journalisme est à mon sens le plus beau métier du monde car il permet de défendre certaines valeurs. Je souhaitais l’exercer depuis tout petit, j’ai fait en sorte que mes études m’amènent vers cette voie et je suis fier de ce choix. Je suis toujours en perpétuelle découverte et j’adore cette notion d’inconnue dans mon travail !
Question bonus : quelle est la personnalité qui vous inspire au quotidien ?
Quelqu’un dont les combats, la résilience, l’opiniâtreté et le courage continuent de me parler énormément aujourd’hui : Simone Veil, qui a connu les épreuves que l’on connaît, qui s’est battue pour ses convictions. J’ai donné son prénom en deuxième prénom à ma fille car elle m’inspire beaucoup !